Les adresses Telegram bloquées en France par erreurhttps://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/05/13/les-adresses-telegram-bloquees-en-france-par-erreur_6173242_4408996.html
Les adresses Telegram bloquées en France par erreur
La police a reconnu une « erreur humaine » ayant mené au blocage, pendant plusieurs heures, des adresses menant à la messagerie Telegram. Un couac, alors que le gouvernement entend étendre la possibilité de bloquer les sites Web grâce à un nouveau projet de loi.
Par Martin Untersinger et Florian Reynaud Publié le 13 mai 2023 à 13h46, modifié le 13 mai 2023 à 20h05
C’est un sacré couac : alors que le gouvernement a présenté cette semaine un projet de loi prévoyant la possibilité de bloquer massivement des sites, les adresses « t.me » (qui appartiennent à la messagerie Telegram), ont été inaccessibles pendant plusieurs heures, samedi 13 mai au matin, depuis la plupart des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) français en raison d’une erreur de la police.
En milieu de journée, la situation semblait revenir à la normale. Le fonctionnement général de l’application, lui, n’a pas été affecté et il restait possible d’envoyer et de recevoir des messages normalement.
Les URL en « t.me » sont utilisées pour renvoyer vers un compte, une chaîne ou un contenu spécifique à l’intérieur d’une chaîne au sein de Telegram, réseau social utilisé par 700 millions de personnes dans le monde. Les saisir dans un navigateur Web sur ordinateur ou smartphone permet d’ouvrir le contenu Telegram concerné.
Selon les informations du Monde, c’est la police qui a transmis aux FAI français une demande de blocage. Cette dernière, par l’intermédiaire de sa cellule Pharos, peut, en effet, demander aux FAI de bloquer certains sites, notamment pédopornographiques, et de rediriger les internautes voulant s’y connecter vers une page d’information du ministère de l’intérieur.
Bourde
Sauf que le blocage demandé ici s’est appliqué à l’intégralité des adresses « t.me » et concernait donc l’ensemble des liens vers le réseau social Telegram, y compris tous ceux qui n’ont rien à voir avec des contenus pédopornographiques. Certains utilisateurs voulant utiliser une URL « t.me » samedi matin étaient ainsi dirigés vers la page du ministère censée s’afficher en cas de tentative d’accès à un contenu pédocriminel bloqué. D’autres voyaient leur requête ne jamais aboutir.
Sollicitée, la police confirme avoir voulu bloquer des sites pédopornographiques relayés dans des messages sur le réseau social Telegram. Après avoir enjoint l’hébergeur des sites de retirer les contenus, ce qu’il n’a pas fait entièrement, la police a, comme le prévoient les textes, voulu procéder au blocage. Mais une « erreur individuelle a conduit à une demande de blocage plus large que nécessaire », qui a touché Telegram, fait savoir au Monde un porte-parole de la police nationale. La police a ensuite contacté les FAI pour faire lever le blocage.
Une bourde qui fait tache, alors que le projet de loi pour sécuriser l’espace numérique, présenté cette semaine par le secrétaire d’Etat au numérique, Jean-Noël Barrot, contient justement plusieurs dispositions visant à étendre ce mécanisme.
Le gouvernement espère ainsi qu’il puisse s’appliquer aux sites pornographiques ne vérifiant pas suffisamment l’âge de leurs visiteurs, aux sites permettant de réaliser des arnaques et à ceux diffusant des médias soumis à des mesures d’interdiction d’émettre.
La police dispose depuis 2014 du pouvoir de bloquer des sites Web pour des faits de pédopornographie et d’apologie du terrorisme. Elle doit d’abord faire parvenir une demande de suppression du contenu à l’éditeur du site. S’il ne donne pas suite, la police peut alors ordonner le blocage aux FAI. En 2022, la police avait demandé le blocage de 381 sites à caractère pédopornographique.